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REGARDE, ELLE A LES YEUX

GRANDS OUVERTS

(Yann le Masson - 1982 - France - 77')

Samedi 17h, à la Remise

Projection suivie d'un échange

Ce film entre en résonance avec celui d'Agnès Varda L'une chante, l'autre pas (Vendredi 14h au gîte Fontronde). Deux formes, fiction (Varda) et documentaire (Le Masson), traitent d'un même sujet :

la lutte des femmes pour le droit à disposer de leurs corps.

EN 1975, date de la promulgation de la loi Veil sur l’interruption de grossesse, le MLAC d’Aix-en-Provence (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception) existait depuis deux ans déjà. Issu des carences de l’institution médicale, il fut créé par des femmes pour mettre fin à la boucherie clandestine dont les plus défavorisées d’entre elles étaient les victimes. Mais il intégrait aussi toutes les luttes féministes des années précédentes, où s’affirmait pour la femme le droit à la maîtrise de son propre corps.

 

Regarde, elle a les yeux grand ouverts, le film de Yann Le Masson, retrace l’itinéraire de ces femmes, en marge de la légalité, isolées au départ, et qui peu à peu sont arrivées à proposer une véritable solution de rechange à la pratique hospitalière, dans ces deux cas limites : l’avortement et la mise au monde.

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Tendresse des gestes, infinie sympathie des regards, sollicitude des voix, prise en charge collective d’une femme par d’autres femmes, tout cela enlève à l’interruption de grossesse son caractère effroyable dans sa banalité chirurgicale. Les femmes d’Aix rappellent, si besoin est, que l’avortement n’est jamais « de convenance ». Pour chacune d’entre elles, l’appartenance au groupe implique une lutte quotidienne contre la fatigue et le temps (la plupart sont ouvrières ou employées), la grogne des maris délaissés, l’ignorance et les lois. En 1977, bien après le vote de la loi Veil (dont on sait ce que vaut l’application), elles sont assignées en justice pour avortement sur une mineure et exercice illégal de la médecine. Grâce à une formidable mobilisation aux portes du palais de justice, elles sont condamnées à des peines de principe. « Les filles d’Aix » sont entrées dans l’histoire.

(Noëlle de Chambrun, Le Monde Diplomatique)

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